Τρίτη 13 Νοεμβρίου 2012

Farida Khelfa, Vincent Darré: la nouvelle vie de Schiaparelli

Farida Khelfa, Vincent Darré: la nouvelle vie de Schiaparelli



Publié le 30.10.2012

Elsa Schiaparelli n’est plus là, mais sa maison se réveille grâce à Diego della Valle, nouveau mentor de la griffe. Rencontre matinale avec Farida Khelfa, ambassadrice de la maison, et Vincent Darré, codécorateur des lieux.


Par Patrick Cabasset

Photographie : Christophe Roué





Farida Khelfa et Vincent Darré


La renaissance d’une maison de couture parisienne est une aven­ture à ne pas rater. Un cocktail informel durant les dernières collections de haute couture per­mettait de découvrir en avant-première les nouveaux salons de la marque, place Vendôme, dans les murs historiques occu­pés jusqu’en 1954 par la créatrice. Italienne d’origine aristocrate, et pourvue d’un carac­tère bien trempé, elle fit preuve tout au long de sa vie tumultueuse d’une créati­vité débordante. Le lieu qui nous reçoit est un véritable manifeste tout en miroirs, en meubles extravagants et en couleurs fortes.

Il repositionne instantanément la griffe dans la cour des grands. D’autant que la maison rachetée par Diego della Valle, en 2007, a eu le temps de s’équiper de collaborateurs conquis par l’excentricité de la fondatrice : femme du monde romaine devenue la plus épatante des Parisiennes.

Au premier rang des nouveaux collabora­teurs de la marque se trouve Farida Khelfa. L’ex-mannequin originaire de la banlieue lyonnaise est né une seconde fois dans le Paris des années Palace. Devenue muse de Jean Paul Gaultier, inspiratrice de Jean-Paul Goude, collaboratrice d’Azzedine Alaïa, directrice de la couture Gaultier, puis réa­lisatrice de documentaires (sur Jean Paul Gaultier justement ou le Printemps tuni­sien), elle a accepté ici le rôle d’ambassadrice de Schiaparelli. À ses côtés, on retrouve, entre autres, Vincent Darré. Dandy tru­culent, raisonné mais toujours pas raison­nable, cet ex-collaborateur de Karl Lagerfeld chez Chanel, puis directeur artistique chez Moschino, s’est reconverti récemment dans la création de mobilier. Pour L’Officiel, tous deux se sont retrouvés un beau matin de juillet dans le décor fantasque de la maison. Dans une ambiance de franche camaraderie, entre digressions et fous rires, ils ont quand même réussi a échanger quelques propos plus cousus…

 

Quand vous êtes-vous rencontrés ?

Farida Khelfa (imitant une vieille voix chevro­tante dans un éclat de rire) : “C’était en 1912…”

Vincent Darré : “Non, il n’y a pas si longtemps. Mais c’était un choc ! Ça remonte sans doute au Palace, dans les années 1980. Aujourd’hui, on voit Farida très fine, presque androgyne, cheveux coupés, mais à l’époque c’était Rita Hayworth ! Elle avait une poitrine accentuée par sa taille fine et surtout une chevelure spec­taculaire. Comme ma mère était un peu baba cool, tout le monde pouvait venir dormir à la maison, Farida comme les autres membres de la bande. À l’époque, on dormait tous ensemble. Mais on était vraiment comme des enfants.”

Farida : “C’était comme une cité d’enfants perdus. On était une bande reliée par la danse, le look… Des choses qui peuvent paraître frivoles mais qui finalement étaient fortes et profondes. Car quand on est ado­lescent, la façon dont on s’habille traduit qui l’on est. Pour nous, il était essentiel d’affir­mer notre différence face aux autres de cette façon-là. Ce qui était aussi génial dans cette bande, c’est que nous étions tous de milieux sociaux très différents.”

Vincent : “Nous voulions nous faire remar­quer par tous les moyens. Même si Farida était plus discrète. Elle possède en elle une gouaille et une agressivité évidentes, mais en même temps elle fait preuve d’une grande timidité, d’une vraie pudeur. Elle était atti­rante avec son rouge à lèvres, ses cheveux noirs et sa présence, mais elle faisait un peu peur aussi. Les types s’approchaient d’elle facilement, mais elle les envoyait balader directement ! (Éclat de rire de Farida, ndlr.) Elle n’a pas dû avoir beaucoup d’histoires d’amour en ce temps-là.”

Farida : “Moi, je me souviens de Vincent habillé en groom. C’était un très joli gar­çon avec beaucoup de succès, super drôle… Comme Christian Louboutin d’ailleurs. Ils étaient tout le temps ensemble. C’était le couple de garçons le plus en vue du Palace.”

Vincent : “Alors que nous n’étions pas ensemble. Juste les meilleurs copains du monde !”

 

Qui a eu l’idée d’aller vous chercher, Vincent, pour travailler sur le projet de la décoration de la maison Schiaparelli ?

Vincent : “C’est le hasard surtout. Dans ma collection de meubles, j’avais fait une lan­gouste avec des tiroirs et Farida l’avait vue avec Inès (de la Fressange, ambassadrice de Roger Vivier, l’autre fleuron de luxe parisien de Diego della Valle, ndlr). Elles se sont sans doute dit que c’était une bonne idée de me demander davantage de choses. Ce qui est amusant dans cette bande d’amis, c’est qu’on se perd de vue, mais on se retrouve. Et à chaque fois on refait des projets ensemble. Rien n’est jamais calculé. C’est essentielle­ment ce sens de l’improvisation qui nous est resté de l’époque où nous nous sommes connus.”

Farida : “Et puis Vincent travaille avec l’illus­trateur Pierre Le-Tan, avec Francis Dorléans, qui est devenu antiquaire, avec le gale­riste Pierre Passebon, etc. Tout cela fait une association de gens passionnants et qui se connaissent tous. Nous sommes amis depuis longtemps, donc on sait ce que chacun peut apporter aux autres dans un projet comme celui-ci. Ainsi, sans avoir de style particulier, ces lieux possèdent une atmosphère à la fois différente et réussie.”




Justement, qu’est-ce qu’évoque Schiaparelli pour chacun de vous ?

Farida : “Pour moi, c’est l’ADN de la mode. Ce qu’elle a fait est inscrit dans l’inconscient de tous les couturiers. Les plus grands en tout cas. Un siècle avant tout le monde, elle a fait appel à des artistes, que ce soit Dali, Cocteau, Jean-Michel Frank ou Giacometti, pour réaliser des imprimés, créer des acces­soires, des objets, des décors, etc.”

Vincent : “Moi, ce que j’aime par-dessus tout c’est son humour. Elle se disputait la place Vendôme avec Chanel, mais elle affron­tait la mode avec beaucoup plus d’humour qu’elle. Davantage comme Jean Paul Gaultier aujourd’hui. Elle avait un sens de la dérision formidable. Et puis j’ai une autre approche de Schiaparelli car je suis toujours ami avec Gogo, sa fille unique et la mère de Berry et Marisa Berenson. C’est une femme d’une drôlerie extraordinaire. J’ai souvent été dîner chez elle. Un lieu où elle a conservé le mobi­lier qui provenait de sa mère. Quand j’ai com­mencé à travailler ici, je me suis souvenu des sculptures de ‘Monsieur et Madame Satan’ qui vous accueillent chez elle, du paravent réalisé par Christian Bérard aussi, de plein d’éléments particuliers.”



Avant de décorer ces salons, y a-t-il eu une demande spécifique, une concertation initiale ?

Farida : “Non, c’est cette émulation de talents qui a enrichi ce lieu, sans concerta­tion préalable. Tout est improvisé, réalisé en un temps record, sans unité de style ou d’époque, mais ça fonctionne. Vincent n’est pas le seul décorateur ici, mais il y est forte­ment présent.”

Vincent : “La seule direction préalable était de retrouver l’évocation d’une maison de couture parisienne à travers le regard de Hollywood. En pensant à Bérard, par exemple, j’ai eu l’idée de demander une fresque à Pierre Le-Tan, qu’il a pu réaliser en une nuit sur le mur du salon central. Et puis on a mélangé le tout avec des éléments déco­ratifs qui pouvaient être présents à l’époque, comme un tapis d’Arbus ou de Fernand Léger, ces colonnes de Jean-Michel Frank. C’est donc autant un mélange d’époques qu’un mélange d’amis.”

Farida : “Un éclectisme qui était aussi la signature de Schiaparelli.”


Farida, en quoi consiste votre fonction d’ambassadrice ?

Farida : “Être ambassadrice, c’est être diplo­mate ! C’est relier les gens entre eux. Mais je ne me mêlerais pas de création. Ce n’est pas mon truc. Je peux donner mon avis, si on me le demande, mais je pense qu’il faut lais­ser la plus grande liberté aux créatifs.”







Vous avez toujours d’autres projets en dehors de Schiaparelli ?

Farida : “Oui, je viens de finir de monter un documentaire sur Christian Louboutin. Ce qui n’est pas si loin de Schiaparelli finalement, car si elle a souvent habillé des actrices à la ville, elle a aussi réalisé des costumes pour le cinéma. Ceux de Every Day’s a Holiday, avec Mae West, en 1937, par exemple, et ceux du fameux The Women, de George Cukor, en 1939. Mais toute la mode de l’entre-deux-guerres était très Schiaparelli.”


De quoi êtes-vous le plus contents dans cet environnement ?

Farida : “De mon bureau ! C’est celui de Star Wars avec la chaise de Dark Vador. Il a été trouvé dans une vente Star Wars et c’est la vraie chaise du film. C’est totalement sur­réaliste. Je suis sûre que si elle avait vécu aujourd’hui, Schiaparelli en serait tombée amoureuse également.”

Vincent : “Oui, c’est totalement inattendu, posé en plus sur un tapis de Calder qui repré­sente le cirque, c’est vraiment comme une pirouette à la façon de Schiaparelli. C’est comme un spoutnik au milieu du salon, un coup-de-poing au sein d’une reconstitution hollywoodienne !”



Et votre pièce préférée, Vincent ?

Vincent : “Le bureau de Schiaparelli qu’on a reconstitué dans l’autre pièce. Au-delà du surréalisme, Schiap’, c’est la couleur ! La vraie cohérence esthétique ici ce sont toutes ces taches colorées. C’est à la fois impossible et tout va ensemble. Là aussi c’est un grand numéro de cirque.”



L’un de vous a-t-il une petite idée du profil, ou même de l’identité, du styliste qui va bientôt être nommé ici ?


Farida : “L’identité du futur directeur artis­tique de Schiaparelli n’est pas du tout fixée. Diego della Valle n’a pas décidé. Il aimerait une personnalité, quelqu’un de peu connu, qui puisse émerger avec la maison, mais avec un style très personnel.”

Vincent : “Il possède une vision intimiste du luxe. Il crée des petites cellules comme Roger Vivier et puis il les laisse grandir len­tement, naturellement. C’est beaucoup plus intéressant.”

Farida : “C’est pourquoi il faut que la col­lection soit fraîche, nouvelle et inattendue. Il faut également un excellent atelier et des collaborateurs, même extérieurs, de premier ordre. Là aussi, il faut créer une belle équipe. Ça prend du temps.”


L'Officiel Paris‏@lofficielparis
 Nous avons rencontré Vincent Darré et Farida Khelfa dans la nouvelle boutique Schiaparelli... Compte-rendu : http://bit.ly/XTkYzt

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20:24 PM - 30 Oct 12

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